[Cécile Poimboeuf-Koizumi] Elle s'appelait Christine. Je me souviens l'avoir croisée en 2010 dans une librairie. Les cheveux courts, le visage baigné d'une lumière, le regard énigmatique. Elle se trouvait devant moi, ou presque : sa présence troublante était imprimé sur la couverture d'un livre intitulé mémoire. Ce portrait fut mon premier contact avec le travail de Seiichi Furuya, auteur de la photographie et époux de Christine. J'ai revu Christine au Japon quelques mois plus tard à l'occasion d'une exposition rétrospective au musée de la Photographie de Tokyo. Un matin, je l'ai retrouvée allongée dans l'herbe vetue de noir, les yeux mi-clos et le haut du visage coiffé d'une fleur blanche. Elle était tout aussi insaissisable que la première fois : la rencontre était, une fois de plus, photographique.
[Chose Commune] Depuis la disparition de Christine, Furuya n’a cessé de revisiter son archive. Cette démarche se présente sous forme d’une série de cinq livres intitulés Mémoires, publiés entre 1989 et 2010. En 2018, Seiichi Furuya retrouve des photographies prises par Christine avec un petit appareil de poche et un 35mm, et les trie pour la première fois en suivant l’ordre chronologique. En étudiant ses trouvailles, il découvre avec surprise que Christine tirait aussi souvent son portrait, dans les mêmes instants où lui la photographiait. C’est un vrai “Face à Face”, réalise alors le photographe. Cette nouvelle série est composée de 150 paires de photographies prises sur sept années — de leur rencontre au décès de Christine. Furuya considère ce dernier travail comme l’ultime chapitre qui clôturera les Mémoires, le travail d’une vie ; photos en n.b. et en couleurs.
[TAWP] Le bonheur en commun où, dans certaines photos, sourde déjà le drame en devenir. Magistral, émouvant, et comme par hasard édité par Choses Commune qui sait si bien mettre les photo en valeur.
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